Colloque du Labex Obvil (Sorbonne Université)
Jeudi 20 et vendredi 21 juin 2019
Maison de la recherche (28 rue Serpente, 75006), salle D040
La critique littéraire du XIXe siècle s’est progressivement définie comme une science positive, en reprenant la perspective naturaliste et anthropologique popularisée par Montesquieu ou en se fondant sur les méthodes de disciplines nouvelles comme l’histoire et la sociologie. Elle a accompagné, dans l’histoire de la littérature, une évolution épistémologique qui s’est manifestée, notamment, par le démantèlement du système des belles-lettres, tel que l’avait théorisé l’abbé Batteux, et par la structuration de la discipline de l’histoire littéraire, de La Harpe et de Germaine de Staël à Gustave Lanson. Les critiques du XIXe siècle ont joué un rôle important dans la redécouverte de la littérature du Moyen Âge et de celle du XVIe siècle, dans l’identification d’un modèle canonique avec la littérature du XVIIe siècle et dans la définition de l’idée de littérature nationale. Ils ont accordé une importance nouvelle à l’établissement du texte, à la figure de l’auteur, au contexte d’écriture et à l’idée qu’une littérature est le produit d’une société et d’une époque. Ils ont également repensé, après la Révolution, le lien entre la démocratie, le goût et la valeur littéraire, et posé en termes nouveaux la question de la singularité de l’auteur et celle de l’« individualité » de l’œuvre, tout en recherchant, dans l’histoire, les règles d’un art poétique pérenne et les traces d’une nature humaine irréductible à l’expression de l’individualisme. Cette recherche de catégories universelles a pu conditionner le caractère normatif d’une critique de professeurs constitués en gardiens de la valeur littéraire, à laquelle une critique dite « impressionniste » s’est opposée à la fin du siècle.
Les historiens de la littérature décrivent les principaux jalons de l’évolution de la pensée critique, de La Harpe à Lanson, à travers le tropisme biographique et bibliographique de Sainte-Beuve, l’intérêt de Taine pour la psychologie ou encore l’ambition de Brunetière de rattacher les œuvres à l’histoire des genres. Cependant, ils mentionnent le maintien dans le discours, tout au long du siècle, de l’impératif moral associé à la littérature et à l’art, et de catégories esthétiques se rattachant peu ou prou aux belles-lettres, comme le goût, le beau ou l’esprit d’à-propos.
Dans le prolongement de ces réflexions, nous proposons de consacrer un colloque à la question du renouvellement et de la permanence du vocabulaire de la critique au XIXe siècle. Les interventions, en littérature ou en information-communication pourront s’intéresser à l’apparition d’un terme dans la pensée critique, à l’évolution du sémantisme d’un mot ou d’une figure, à la fortune d’une notion ou d’une idée. Elles pourront porter sur l’œuvre d’un critique en particulier ou embrasser une période et un corpus larges, en mettant à profit les ressources numériques proposées par le Labex Obvil, notamment la bibliothèque critique, ou en s’intéressant à la presse numérisée.
Les interventions donneront lieu à une publication en ligne. Les propositions d’intervention (environ 250 mots) doivent être envoyées à jalabert.obvil@gmail.com avant le 15 mars 2019.
Organisation : Romain Jalabert (Labex Obvil, Sorbonne Université), Marine Riguet (Labex Obvil, Sorbonne Université)et Glenn Roe (Labex Obvil, Sorbonne Université)
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